Mais certaines personnes ne peuvent se retenir d'utiliser ces informations. Surtout lorsque celles-ci permettent de faire de beaux bénéfices… ou d'éviter une grande perte. Dans le passé, certains ont franchi les limites du raisonnable. Le site américain Investopedia s'est intéressé à quelques cas spécifiques de ‘insider trading’.
Albert H. Wiggin
Dans les années 1920 - 1930, Albert Wiggin était l'une des étoiles montantes de Wall Street. Sous sa direction, la prestigieuse Chase National Bank s'est développée sur la scène financière pour devenir un acteur mondial, spécialisé dans les emprunts octroyés à de nombreux Etats européens. Albert Wiggin est également devenu célèbre lors du Jeudi Noir, qui marqua le début du krach de Wall Street en 1929. Avec d'autres banquiers, il avait essayé d'enrayer la l'écroulement du marché d'actions en achetant des actions de grandes entreprises à des prix dépassant largement leur valeur de marché. Cela empêcha en effet l'écroulement du marché ce jour-là, mais pas celui des jours qui suivirent...
Ce n'est que bien plus tard qu'un rôle plus obscur de Wiggin fit surface. Durant ces jours catastrophiques, il faisait du "short selling" (vente à découvert) sur des actions de la banque dont il était directeur. Il pouvait ainsi gagner énormément d'argent à chaque chute du cours. L'Américain réussit à engranger de la sorte 4 millions de dollars.
Wiggin ne faisait cependant rien d'illégal et de nombreux autres directeurs faisaient de même. A cette époque, il n'existait aucun règlement concernant l'insider trading. Ce n'est qu'en 1933 que fut publiée une loi baptisée par certains ‘Wiggin Act’.
Ivan Boesky
“Greed is good” ("L'avidité, c'est bien") affirmait Ivan Boesky en 1986 dans un discours devenu célèbre dans le classique hollywoodien ‘Gordon Gekko’. L'Américain n'ayant aucun problème avec l'avidité, il mit sur pied une grande opération financière basée sur le délit d'initié. Boesky réussit à engranger une fortune de 200 millions de dollars en achetant des actions de sociétés dont il supposait qu'elles allaient faire l'objet d'acquisition. Dès que cela se réalisait, les cours montaient en flèche et Boesky encaissait ses gains. Mais le choix des "bonnes" actions n'était pas dû à son flair "infaillible" : il corrompait tout simplement des employés de banques d'investissement qui l'informaient des prochaines acquisitions...
L'organisme de contrôle américain s'est intéressé à Boesky lorsqu'il s'aperçut que son nom apparaissait dans presque toutes les grandes acquisitions réalisées dans les années 1980. Il a écopé d'une peine de prison de 3,5 ans, dont il purgea effectivement 2 ans derrière les barreaux. Ses comparses des banques d'investissement ont également été jugés.
Foster Winans
Foster Winans n'est pas vraiment un grand escroc mais son histoire créa beaucoup de remous. Entre 1982 et 1984, cet Américain était le rédacteur d'une chronique dans The Wall Street Journal ayant pour titre ‘Heard on the Street Column’. Là, il mettait à chaque fois une valeur en vue, ce qui influençait souvent son cours de bourse. Il n'y avait rien de mal à cela, jusqu'à ce que Winans commence à renseigner à l'avance quelques investisseurs sur le contenu de ses futurs articles, afin de leur permettre d'en tirer profit. Une partie du gain (probablement environ 31.000 dollars) lui était ensuite versée. En 1985, il fut condamné à 9 mois de prison.
Martha Stewart
Fin 2001, lorsque le gouvernement américain décida de ne pas donner d'approbation pour Erbitux, un médicament contre le cancer développé par la société ImClone, le cours de l'action chuta énormément. De nombreux investisseurs durent faire face à de fortes pertes, mais, curieusement, ce ne fut pas le cas de la famille et des amis du CEO Samuel Waskel. Martha Stewart, la 'reine de la ménagère américaine" et présentatrice du show du même nom, comptait aussi parmi ses amis.
Sur le conseil de Waskel, Martha Stewart vendit 4.000 actions lorsque le cours de l'action se situait encore à un pic de 50 dollars. Cette vente lui fit gagner 250.000 dollars. Quelques jours plus tard, la nouvelle selon laquelle le médicament n'avait pas été approuvé fût rendue publique, et le cours de bourse chuta à 10 dollars.
L'organisme de contrôle américain analysa les transactions et condamna Martha Stewart. Elle dut s'acquitter d'une amende de 30.000 dollars, passa 5 mois en prison et fut placée en liberté avec bracelet électronique de surveillance. Elle dut également se retirer du poste de CEO de sa propre entreprise.