D'après notamment l'indice VIX - aussi appelé "indice de la peur" et qui mesure la nervosité des marchés - le blocage des négociations sur le budget américain augmente les tensions sur les marchés financiers.
Pour la nouvelle génération d'investisseurs, cette fermeture des services publics américains apparaît comme une situation exceptionnelle. Malgré tout, le monde s'est habitué depuis le milieu des années 70 à ce que le pays de l'oncle Sam soit régulièrement confronté à ce que l'on appelle un shutdown.
Nous avons analysé les effets des 17 dernières périodes de shutdown sur les marchés financiers. Nous nous sommes penchés sur l'évolution des obligations souveraines américaines, du cours de l'or et du très célèbre indice Dow Jones.
Des Bons du trésor pour la sécurité
A très court terme, les investisseurs sortent gagnants avec les Bons du trésor américains. Notre analyse démontre qu'en moyenne, les taux baissent de 3,40% un mois après le début du shutdown, par rapport au taux qui prévalait avant l'impasse. Petit exemple : si le taux à dix ans était de 5% avant le shutdown, un mois plus tard, il se situe à 4,83%. Cet effet semble marginal, mais chaque baisse de taux s'accompagne d'une augmentation des cours des obligations. La baisse mensuelle moyenne des taux des bons du trésor américains (à 10 ans) pendant ces quarante dernières années n'est que de 0,15%. Le résultat est donc significatif. Une explication possible à ces baisses de taux et à cette hausse des cours des obligations est à trouver du côté de la recherche de sécurité. Même si les autorités américaines sont elles-mêmes responsables du shutdown, les investisseurs se réfugient souvent - par crainte ou sous l'effet de la panique - dans les obligations souveraines américaines.
De l'or pour la perte de confiance
La plupart des précédents shutdowns n'ont duré que quelques jours, à quelques exceptions près, comme par exemple les trois semaines de shutdown de la fin 1995 - début 1996. Au fur et à mesure que la durée du shutdown se prolonge, la panique fait place à la méfiance. Cette méfiance envers le monde politique se traduit par une dépréciation de la devise nationale. Dans le passé, on achetait souvent de l'or pour compenser la dépréciation du dollar américain. Ces dix dernières années, le prix de l'or a augmenté en moyenne de 2,11% par trimestre. Mais pendant les trois mois qui suivent le début du shutdown, le prix de l'or augmente en moyenne de 3,73%, comme l'indique notre étude. Ici aussi, les investisseurs peuvent donc profiter du shutdown.
Des actions pour la reprise économique
Lorsque les choses se calment du côté des politiciens et que la confiance revient, les investisseurs recommencent à investir dans les actions. C'est ainsi que, six mois après un shutdown, le Dow Jones signe en moyenne une hausse de 5,71%, alors qu'avec cet indice, les investisseurs ne gagnent que 4,46% en moyenne durant un semestre "ordinaire". De plus, il est frappant de constater que le taux des obligations d'État augmente aussi à ce moment-là. Cette tendance démontre également une hausse du goût du risque de la part des investisseurs. Le fait remarquable que les actionnaires obtiennent un rendement plus élevé que la moyenne suite à un shutdown, pose bien entendu question. Peut-être les entreprises et les investisseurs sont-ils davantage stimulés par les messages positifs qui suivent la fin du shutdown?
Les résultats de notre étude doivent malgré tout être relativisés. Des conclusions tirées sur base de 17 événements de courte durée sont statistiquement difficiles à justifier. De plus, le climat économique qui prévaut au moment du shutdown joue un rôle important, voire même le plus important. C'est pourquoi la combinaison entre le shutdown actuel et le problème du plafond de la dette, forme un cocktail potentiellement explosif. Comme toujours, le meilleur conseil est donc sans aucun doute de diversifier ses investissements.