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Les dividendes dopent-ils votre rendement?

La saison des détachements de dividendes bat son plein à la Bourse de Bruxelles. L'occasion de s'interroger sur la nécessité de tenir compte de la générosité des entreprises envers leurs actionnaires.
©Bloomberg

(mon argent) - Quel bonheur, pour un actionnaire, de percevoir un dividende au titre de la répartition des bénéfices réalisés par Belgacom. Fin avril, l’opérateur de télécoms historique a distribué un dividende final de 1,26 euro net. S’ajoutant à l’acompte payé en décembre dernier  (0,375 euro net), le dividende total s’inscrit à 1,6350 euro. Soit, rapporté au cours actuel de son action, un rendement net de 6,7%.

Le rendement...

Un tel rendement fait de Belgacom le champion incontestable des sociétés qui composent l’indice Bel 20 de la Bourse de Bruxelles, devant Mobistar (6,1%), Cofinimmo (5,7%) et Befimmo (5,2%).

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Les autres actions du Bel 20, excepté GDF Suez (3,5% net après la double taxation), affichent toutes un rendement net inférieur à 3%. Le rendement moyen des actions composant le BEL 2O s’élève à 2,70% net.

… plutôt que la plus-value?

Tenant compte des juteux rendements, faut-il accorder davantage d’intérêt à des titres comme Belgacom ou Mobistar au détriment des actions de sociétés qui de prime abord, paraissent moins généreuses? Pas si sûr! Certes, l'intérêt d'un rendement élevé est qu'il permet notamment de traverser plus sereinement les moments de forte volatilité des marchés, et surtout de se procurer des revenus supplémentaires chaque année. Mais à long terme, les actions au rendement élevé ne sont généralement pas celles qui satisfont le plus les actionnaires.

Prenons un exemple. Celui qui aurait participé à l’introduction de l’action Belgacom en 2004, aurait perçu à ce jour des dividendes pour un montant total de 8 euros nets. Soit un rendement de 33% accumulé sur sept ans par rapport au prix de l’IPO (24,5 euros le titre). En revanche, sur le plan de l’évolution du cours, l’action n’affiche qu’une modeste hausse de 3,5% sur la même période.

Si au lieu d’avoir porté son dévolu sur l’action Belgacom, l’investisseur avait privilégié plutôt un titre comme Bekaert, son avantage aurait été largement supérieur, malgré le rendement généralement moins élevé de cette valeur. A elle seule, la hausse du cours de cette action lui a procuré une plus-value de 400%, à laquelle s’ajoutent encore les dividendes attribués. Au passage on notera, que si le rendement de l’action est d’ordinaire peu élevé, son montant a régulièrement été augmenté, à l’inverse de celui de Belgacom. Ce qui explique que malgré la forte hausse du cours de l’action Bekaert, le rendement de celle-ci n’est pas tellement plus faible aujourd’hui qu’il y a 7 ans (2% contre 3%).

Priorité à la croissance des affaires

Bien-sûr, le cas de Bekaert est assez atypique, dans la mesure où la société courtraisienne a profité du miracle économique de certains pays en développement. Mais l’observation vaut pour bon nombre d’autres actions, comme Umicore, Solvay, Colruyt, AvH, CNP qui vient d’être retiré du Bel 20, pour ne citer qu’elles (voir tableau ci-dessous). Ces actions figurent parmi celles qui ont le mieux performé à la Bourse de Bruxelles ces dernières années, malgré des rendements plutôt modérés, voire insignifiants.

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Evolution du cours des actions entre mars 2004 et mai 2011 et leur rendement en % du dividende
Actions Evolution du cours Rendement net en 2004 Rendement net en 2011 Croissance des dividendes entre 2005 et 2011
         
Bekaert 424% 3% 2% 166,00%
Umicore 310% 2,30% 1,70% 142,00%
AvH 234% 2% 1,70% 139,00%
AB InBev 200% 1,10% 1,40% 230,00%
CNP 162% 2% 1,40% 50%
Colruyt 115% 1% 1,70% 124,00%
Solvay 82% 2,80% 2,20% 21,00%
Delhaize Group 74% 1,70% 2,22% 54,00%
Bel20 15%   2,70%  
UCB 11,00% 2,05% 2,25% 14,00%
Belgacom 3,50% 5,90% 6,70% 19,00%
Omega Pharma 3,30% 0,40% 2,30% 315,00%
Cofinimmo -16,70% 5,10% 5,70% -11,00%
Ageas -86,30% 3,70% 2,95% ns

De là à conclure, qu’il serait opportun de se détourner des actions à rendement élevé, il y a un pas que nous ne franchirions pas. Ce type de valeurs a certainement sa place dans tout portefeuille. Mais la lecture de l’infographie ci-jointe nous indique qu’il serait plus judicieux pour un investisseur patient, de privilégier les actions de sociétés qui, année après année, arrivent à faire croître leurs affaires, leurs bénéfices et... leur dividende. Et l’idéal serait que celui-ci ne constitue qu’une part minoritaire des bénéfices.

Rendement supérieur, risques plus élevés

6,7%. Le rendement net du dividende offert par Belgacom vole bien au-dessus des rendements de la plupart des actifs à revenus fixes. L’emprunt d’État belge à 10 ans offre un rendement brut de 4,2%, soit 3,57% après retenue du précompte mobilier. Un compte à terme à 10 ans offre au maximum un rendement net de 3,72% tandis que la rémunération la plus élevée des comptes d’épargne ne dépasse actuellement pas 2,80%, prime de fidélité comprise.

A noter que Belgacom se montre plus généreux envers ses actionnaires qu’envers les détenteurs de ses obligations. L’obligation à échéance 2018 affiche actuellement un rendement de 3,58%. Faut-il pour autant se ruer sur les actions à rendement de dividende élevé? "Les risques sont très différents, rappelle Frank Vranken, responsable de la stratégie d’investissement chez BNP Paribas Fortis Private Banking. L’entreprise peut en outre décider de ne pas verser de dividendes. Cela dépend du secteur et de la structure des cash flows des sociétés." Difficile donc de comparer les actions à rendement de dividende élevé avec les actifs à revenus fixes. Le bon vieux compte d’épargne, sûr et liquide, qui bénéficie de l’exonération du précompte mobilier sur la première tranche de 1.770 euros d’intérêts a d’autres atouts.

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