Avec les rendements misérables des obligations à taux fixe, les obligations à taux variable ou flottant ont retrouvé des couleurs. Leur rendement est encore maigre, mais l’exonération d’impôt de la plus-value potentielle leur promet un bel avenir. Ceux qui investissent dans ces obligations sont convaincus que les cours vont monter et que le rendement du coupon suivra le même chemin.
Heineken, le géant néerlandais de la bière, a lancé la semaine dernière une obligation à 7 ans, assortie d’un coupon de 2,5%. Au cours actuel de 99,50% et après paiement du précompte mobilier (21%) il restera 2% net par an. Banca Monte Paschi et NIB Direct offrent sur leur compte d’épargne un taux de base identique: 2%. Et si vos revenus d’intérêts n’excèdent pas 1.830 euros, ce rendement est net.
Ceux qui écument le marché obligataire secondaire n’y trouveront pas davantage leur bonheur. Avec son coupon annuel fixe de 5,5% et l’échéance en 2015, l’obligation du producteur belge de zinc Nyrstar présente à première vue un investissement attrayant. Seul problème: l’obligation cote actuellement à 104,3% sur le marché secondaire. Après précompte, il reste 2,82% net.
Taux flottant
Le marché secondaire recèle aussi des obligations cotées bien en-dessous du pair: des obligations à taux variable ou flottant.
Contrairement aux obligations à taux fixe, le revenu du coupon est incertain. Il dépend de l’évolution du taux de l’Euribor ou du taux interbancaire. Si les taux montent, votre coupon montera aussi. Si le taux Euribor descend, la valeur de votre coupon baissera.
La plupart des obligations à taux flottant sont liées au taux Euribor à trois ou à six mois. Vous recevez donc votre coupon soit tous les trimestres, soit tous les six mois. Ces rendements ne sont pas folichons non plus. Actuellement, l’Euribor à trois mois s’affiche à 0,85%, celui à six mois à 1,15%.
Sélection d'obligations à taux flottant
Emetteur | Coupon | Echéance | Rating | Cours | Rendement net (au taux Euribor actuel) |
Achat par tranche de… |
---|---|---|---|---|---|---|
Merrill Lynch | Euribor 3 mois + 26 points de base |
31/01/2014 | A- | 95,80% | 3,10% | 1.000 euros |
ENI | Euribor 6 mois + 89 points de base | 29/06/2015 | A | 100,15% | 2,05% | 1.000 euros |
GE | Euribor 6 mois + 84 points de base | 15/06/2017 | AA+ | 97,95% | 2,98% | 1.000 euros |
Goldman Sachs | Eurobor 3 mois + 35 points de base | 23/05/2016 | A- | 91,30% | 3,50% | 50.000 euros |
General Electric | Euribor 3 mois + 22,5 points de base | 15/07/2021 | AA+ | 87,30% | 2,82% | 50.000 euros |
Mais heureusement, la plupart des émetteurs d’obligations à taux variable ajoutent à l’Euribor un supplément de revenu fixe, qui varie entre 20 et 50 points de base. Dans le cas d’un supplément fixe de 25 points de base, le rendement brut annuel d’une obligation liée à l’Euribor à trois mois sera de 1,20%. Pas de quoi s’enthousiasmer...
Belle plus-value
Si nous considérons le rendement global, la situation est un peu meilleure. L’investisseur qui achète aujourd’hui quelques obligations à taux flottant et les conserve jusqu’à l’échéance, pourra encaisser une belle plus-value. Et cerise sur le gâteau, elle ne sera pas taxée. La banque américaine Merrill Lynch (filiale de Bank of America) a émis une obligation en euros à taux flottant qui court jusqu’au 31 janvier 2014. Elle est disponible par multiples de 1.000 euros. Le coupon suit l’évolution de l’Euribor à trois mois avec un supplément fixe de 26 points de base. Aujourd’hui, cette obligation cote à 95,6%. Cela porte son rendement brut annuel à 3,56%. Le coupon payé tous les trois mois, laisse 21% au fisc, mais la plus-value réalisée sur le cours de l’obligation n’est pas taxée.
Augmentation attendue des taux... et des coupons
L'argument principal qui plaide en faveur de ces obligations, c’est l’augmentation attendue des taux dans les prochaines années et, partant, la hausse graduelle des coupons. A court terme, il est peu probable que les taux montent. La situation économique chancelante dans la zone euro n’est pas près d’inciter la BCE (Banque Centrale Européenne) à augmenter son taux directeur, et à entraîner l’Euribor dans son sillage.
Mais en injectant massivement de l’argent dans l’économie, la BCE ouvre la porte au retour de l’inflation dès que l’activité économique retrouvera vigueur. Pour y couper court, la BCE devra à un moment ou un autre se résoudre à augmenter ses taux.