Au diapason des entreprises, l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers s’est résolument modernisée. Mais les défis du commerce international demeurent nombreux, exigeant approche sur mesure, agilité et recherche d’un maximum d’impact.
Le véritable acte de naissance de l’AWEX remonte à 1994. Cette année-là, l’État fédéral et les Régions signaient un important accord de coopération autour des modalités de promotion des exportations de notre pays, ouvrant la voie au déploiement international d’un réseau spécifiquement dédié aux entreprises wallonnes. Une décennie plus tard, l’agence se voyait confier la mission d’attirer les investissements étrangers sur le sol wallon.
En 30 ans, l’AWEX a mené plus de 4.500 actions totalisant 52.000 participations de sociétés wallonnes. L’agence a honoré à ce jour 81.600 demandes d’incitants financiers à l’internationalisation, et compte 5.360 entreprises clientes. “Nous voulons être un accélérateur de succès à l’international”, résume Pascale Delcomminette, son administratrice générale, aux commandes de l’organisation depuis 10 ans.
Comment se porte le commerce international?
“Il est en régression. La crise sanitaire, les tensions économiques et géopolitiques ont sévèrement impacté les chaînes d’approvisionnement, les coûts de l’énergie et des matières premières. Les resserrements monétaires et une économie chinoise en stagnation s’ajoutent aux contraintes environnementales, au protectionnisme de certains États et à des consommateurs qui optent plus souvent pour des produits locaux. Nos entreprises ont compris que ce nouveau contexte nécessite une meilleure gestion des risques à l’international, qui passe par l’anticipation et la diversification sectorielle et géographique.”
En quoi consistent ces nouvelles stratégies?
“L’internationalisation, c’est désormais bien plus que l’exportation. Pour la moitié de nos clients, elle prend la forme d’investissements dans des filiales ou des joint-ventures, de partenariats internationaux de tous ordres, ou de création de bureaux de représentation. Nous les aidons également à diversifier leurs sources d’approvisionnement et leurs marchés pour en faire des ‘PME globales’ robustes. Si 70% de notre commerce extérieur demeure intracommunautaire, nous les accompagnons aussi ailleurs, notamment en Amérique du Nord et en Extrême-Orient.”
Comment l’AWEX a-t-elle évolué pour répondre à ces exigences?
“Nous combinons ancrage géographique et approches sectorielles, focalisées sur les pôles de compétitivité et le digital. Cela s’incarne dans des experts dédiés qui parlent la même langue que les entrepreneurs et comprennent leurs technologies et besoins. Nos représentants locaux sont dispatchés en tenant compte de leurs affinités sectorielles, pour mieux identifier les marchés potentiels sur place, ainsi que les acteurs locaux susceptibles d’investir en Wallonie. Ici, notre action s’inscrit résolument dans le soutien et l’appropriation des chaînes de valeur de nos entreprises, et dans la stratégie de spécialisation sectorielle intelligente adoptée par la Région.”
Les dispositifs ont-ils évolué eux aussi?
“Oui. Préalable à toute intervention, notre diagnostic de maturité à l’internationalisation nous permet de concevoir des accompagnements ajustés à chaque entreprise. Pour les sociétés à haut potentiel d’internationalisation – I-care, N-SIDE et John Cockerill, par exemple –, nous menons des programmes très spécifiques. En outre, nous avons rationalisé notre offre d’aides, simplifié l’accès et les démarches administratives, et digitalisé les processus. Appliquant le principe de confiance, nous fonctionnons en bonne partie avec des avances et des reportings simplifiés. Enfin, nous avons mis en place plusieurs mesures d’impact de nos actions afin de pouvoir recalibrer nos programmes.”
“Nous voulons travailler plus intensivement encore avec nos partenaires pour faire de la Wallonie une vraie terre d’accueil pour investisseurs étrangers.”
Quel regard portez-vous sur les 10 années écoulées?
“À l’écoute des entreprises, l’agence a su se remettre en question et moderniser ses fonctionnements pour devenir agile. Nos actions de sensibilisation et la réorganisation lancée voici cinq ans portent leurs fruits. Malgré les difficultés du commerce international, nous recrutons environ 300 clients par an, un chiffre en constante augmentation depuis trois ans. Sur la même période, nous avons favorisé en moyenne 300 ‘premières exportations’ chaque année. L’indice de satisfaction des entreprises clientes dépasse aujourd’hui 8/10. C’est le fruit du travail de toutes nos équipes, et un des chiffres qui me tiennent le plus à cœur.”
Et pour l’avenir?
“Les 10 prochaines années seront cruciales. Nous voulons aider encore plus d’entreprises wallonnes exportatrices à naviguer dans un marché international rendu complexe par la flambée des normes, réglementations et autres barrières tarifaires. Nous devrons pour cela conserver une grande agilité. Par ailleurs, dans la foulée du projet Fast Track de simplification administrative, nous voulons travailler plus intensivement encore avec nos partenaires pour faire de la Wallonie une vraie terre d’accueil pour investisseurs étrangers. Et ce, tout en optimisant nos ressources humaines et budgétaires pour atteindre un maximum d’impact.”