L’environnement macroéconomique a fortement évolué depuis trois ans, à tel point qu’on peut se demander si la gestion multi-actifs classique demeure pertinente. Elle l’est plus que jamais… mais dans des conditions bien précises, assurent Matthieu Grouès et Julien-Pierre Nouen, associés-gérants chez Lazard Frères Gestion.
“Nous avons traversé des phases de marché très contrastées depuis la crise du Covid-19”, déclare Matthieu Grouès, associé-gérant et chef économiste de Lazard Frères Gestion. “Il a fallu, selon les périodes, limiter rapidement notre exposition aux actions, ou se réexposer tout aussi vite. Il en est allé de même sur la partie obligataire, que nous avons adaptée aux politiques des banques centrales. Nous avons pu nous ajuster à toutes les configurations de marché dans le but d’obtenir de bons rendements.”
“La gestion diversifiée reste un moteur de performance quand elle s’appuie sur une analyse approfondie, sur des marges de manœuvre et des convictions”
Une vigilance continue est essentielle, soulignent les deux experts, dont l’analyse de la conjoncture économique détermine l’allocation d’actifs, tandis que le choix des valeurs est réalisé par des équipes dédiées à ces segments de marché. Cette combinaison d’expertises opère dans le respect des critères ESG associés au label français ISR (investissement socialement responsable). “Pour qu’un fonds flexible puisse s’extraire de la tendance des marchés et dégager une surperformance significative, il faut qu’il soit capable de prendre des positions marquées, aussi bien en actions – via le degré d’exposition – qu’en obligations”, estime Julien-Pierre Nouen, associé-gérant et directeur des études économiques chez Lazard Frères Gestion. “C’est ainsi que la gestion diversifiée demeure un moteur de performance: en s’appuyant sur une analyse approfondie, sur des marges de manœuvre et des convictions”.
Poche obligataire gérée en “sensibilité négative”
“La lutte contre l’inflation est toujours une préoccupation essentielle des banques centrales”, ajoute Matthieu Grouès. “Ce durcissement n’étant pas terminé, nous restons positionnés pour tirer profit d’une hausse des taux. Par ailleurs, le risque de récession se décale dans le temps mais demeure prédominant, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. D’où notre grande prudence sur les actions. Historiquement, il s’écoule au moins trois mois entre le début d’une récession et le point bas des marchés d’actions.”
“Nous pouvons ajuster notre allocation d’actifs à tout moment selon l’évolution des fondamentaux économiques.”
Pour bénéficier des hausses des taux, les spécialistes ont créé, au sein de leurs fonds flexibles, unepoche obligataire gérée en “sensibilité négative”. “Nous recourons pour cela à des produits dérivés classiques afin de modifier la duration moyenne du portefeuille”, détaille Matthieu Grouès. “Il est également utile de pouvoir investir sur des segments de marché variés : investment grade, high yield et titres subordonnés, par exemple. En 2022, nous avons beaucoup utilisé ce levier, qui a constitué un important moteur de performance."