Incofin investit dans l’économie locale des pays en développement. Parce que "les dons ne résolvent pas le problème à long terme", estime cette société coopérative à finalité sociale belge.
Depuis 1992, Incofin cvso a un impact positif dans les régions qui accusent un net retard sur le monde occidental du point de vue financier et de l’infrastructure. Pour les aider, elle investit l’argent de ses actionnaires dans des organismes de microfinancement durables. Ceux-ci financent à leur tour des petits entrepreneurs locaux dans plus de 30 pays en voie de développement. Des personnes défavorisées prennent ainsi leur destin en mains et peuvent mener une existence digne en créant une petite entreprise ou en ouvrant un commerce. De cette façon, elles créent des perspectives pour elles-mêmes et pour leurs proches. Au total, Incofin cvso gère un portefeuille d’investissement de 60 millions d’euros, qui a permis le versement d’un dividende stable de 2,5% ces dernières années.
Pourquoi cette approche est-elle efficace?
Loïc De Cannière (CEO d’Incofin Investment Management): "Nous pratiquons une forme d’aide au développement intelligente. Nous investissons l’argent de nos actionnaires dans des pays où l’État se montre inefficace ou défaillant. Dans la mesure où il n’existe ni services publics ni filet de protection sociale, la couche la plus basse de la population y fait souvent preuve d’un dynamisme très fort. Elle organise elle-même l’enseignement, les soins de santé et l’agriculture. Nous encourageons et structurons cette autonomie au travers de microfinancements."
Comment Incofin accorde-t-elle ces microfinancements?
Frans Verheeke (président du conseil d’administration d’Incofin cvso): "Concrètement, nous soutenons des entrepreneurs socialement engagés. Ils ne peuvent solliciter le secteur bancaire classique de leur pays d’origine pour satisfaire leurs besoins de financement, parce qu’ils ne peuvent généralement offrir aucune garantie et que les montants demandés sont trop faibles. Ils remboursent très rapidement les crédits qui leur sont accordés, le plus souvent dans les six mois, par le biais de remboursements mensuels ou hebdomadaires."
De Cannière: "Notre spécialité ne se limite pas à fournir des microcrédits, cela dit: le microfinancement peut prendre la forme de formules de leasing ou de solutions d’épargne. Et de nouvelles tendances semblent se dessiner, comme les assurances, les crédits aux PME et les prêts pour énergies renouvelables via une microstructure. Nous démontrons qu’il est possible de faire affaire avec des gens situés tout en bas de la pyramide des revenus."
"Nous donnons accès à un marché financier mature, rentable et organisé de manière professionnelle, mais surtout un marché doté d’un impact social."
Et si les entrepreneurs locaux ne parviennent pas à rembourser leur microfinancement?
Verheeke: "Incofin cvso ne finance jamais directement les entrepreneurs locaux. Elle passe par les 50 organismes de microfinancement que nous avons sélectionnés dans 27 pays. Ce sont eux qui analysent les microentreprises des demandeurs. Ils voient si leur activité est rentable, s’ils sont bien organisés, si leur impact social est suffisant."
De Cannière: "Nous avons développé notre propre outil pour la sélection et le contrôle de ces organismes de microfinancement. Nous leur rendons visite sur place et discutons avec leurs clients. Enfin, nous analysons leur politique de ressources humaines et la manière dont ils gèrent les mauvais payeurs et leurs services financiers: ils ne peuvent pas plonger leurs clients dans le surendettement! Nous ne nous engageons avec des organismes de microfinancement que lorsque nous sommes pleinement convaincus de leur mode de fonctionnement, de l’honorabilité de leur mission et de la plus-value sociale qu’ils apportent à la région ou à la communauté locale."
Qui sont les investisseurs recherchés par Incofin cvso?
De Cannière: "Initialement, il s’agissait surtout d’institutions et d’entreprises, mais depuis quelque temps, nous attirons un nombre croissant d’investisseurs particuliers. Désormais, n’importe qui peut acheter des actions Incofin cvso et ce, à partir de 130 euros par vingtième de part. Sans frais d’entrée ni de sortie. Ces dernières années, nous avons d’ailleurs plaidé pour que la législation rende fiscalement attrayants ces investissements sociaux. Et avec succès: les investisseurs qui conservent leurs actions pendant cinq ans peuvent déduire 5% du montant souscrit de leur impôt total, avec un plafond de 6.400 euros par personne."
Verheeke: "Nous rémunérons nos actionnaires au travers de dividendes, et réservons une part de nos bénéfices annuels. Ces réserves s’élèvent aujourd’hui à un peu moins de 6 millions d’euros. En outre, nous avons constitué une provision pour d’éventuels défauts de paiement. Nous pourrons la solliciter en cas d’année moins favorable. Ces deux matelas nous permettent de générer année après année un rendement stable de 2,5%."
De Cannière: "Pour résumer, nous donnons accès à un marché financier mature, rentable et organisé de manière professionnelle, mais surtout un marché doté d’un impact social.