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Élections USA: 36% des Américaines en âge de procréer vivent dans un État qui limite l'avortement

Des Américaines manifestent en faveur du droit à l'avortement à l'occasion du deuxième anniversaire de l'arrêt de la Cour suprême annulant Roe v. Wade, en Floride, en juin 2024. ©AFP

Le débat sur les limites au droit à l'avortement est au cœur de la campagne pour l'élection présidentielle américaine. Dix États se prononceront sur la question le 5 novembre prochain.

Trump ou Harris? Dans un peu moins de deux semaines, les (grands) électeurs décideront du sort des États-Unis. Un scrutin à l'issue toujours aussi incertaine, alors que les sondages donnent tour à tour les deux candidats en tête dans les swing states.

La campagne, de plus en plus virulente, a été marquée ces derniers mois par trois grandes thématiques: l'économie, l'immigration et l'avortement. Plus de deux ans après la fin de la jurisprudence Roe v. Wade de 1973, qui accordait aux Américaines le droit d'avorter sur tout le territoire, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) paraît aujourd'hui plus menacée que jamais.

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Le 5 novembre, des dizaines de millions d'Américains seront ainsi invités à se prononcer sur la réglementation de l'IVG dans leur État. À savoir: le Montana, l'Arizona, le Missouri, le Nebraska, le Colorado, la Floride, le Maryland, le Nevada, l'État de New York et le Dakota du Sud.

Quels États ont interdit l'avortement?

En juin 2022, la Cour suprême, à majorité conservatrice depuis la nomination de trois juges par Donald Trump, avait, en effet, redonné aux États fédérés toute liberté pour légiférer dans ce domaine.

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Depuis, au moins vingt États ont mis en place des lois - partiellement ou totalement - restrictives. Treize d'entre eux, dont le Texas, le Mississippi et la Louisiane, interdisent désormais l'avortement, même en cas d'inceste ou de viol. D'autres États comme la Géorgie, l'Iowa, la Caroline du Sud ou, depuis mai, la Floride, l'interdisent au-delà de six semaines de grossesse - soit avant que la plupart des femmes n'aient conscience d'être enceinte.

Conséquence: de nombreuses cliniques ont été contraintes à fermer ou déménager. 

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Aujourd'hui, il faut aux femmes qui ont déjà atteint les six semaines de grossesse 300% de temps supplémentaire, soit 2 heures et 12 minutes, pour trouver un centre de prise en charge.

Trouver une clinique d'avortement, le périple des Américaines

Au total, 36% des femmes en âge de procréer vivent dans l'un des États qui interdisent ou limitent les avortements à six semaines de grossesse, selon le think thank Center for American Progress. Ces Américaines souhaitant interrompre leur grossesse doivent donc désormais se rendre dans un État moins restrictif que le leur.

Avant 2022, le temps de trajet moyen pour obtenir un avortement était de 33 minutes. Aujourd'hui, il faut aux femmes qui ont déjà atteint les six semaines de grossesse 300% de temps supplémentaire, soit 2 heures et 12 minutes, pour trouver un centre de prise en charge. Tout en essayant de réunir les fonds nécessaires pour assumer les frais de déplacement, en plus de ceux liés à l'IVG elle-même.

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Si le sud des États-Unis est particulièrement affecté, c'est en Floride que la situation s'est le plus dégradée. Alors qu'en 2021, la clinique la plus proche se trouvait en moyenne à 22 minutes de route, les habitantes de cet État doivent, en 2024, rouler neuf heures et huit minutes pour pouvoir avorter. Pour celles qui résident dans le district le plus au sud du Sunshine State, le temps de trajet atteint même 11 heures et 21 minutes.

Les exceptions médicales autorisant un avortement sont si vagues que le corps médical, qui redoute de s'exposer à des poursuites, n'ose souvent pas intervenir.

Craintes pour la mortalité infantile et maternelle

Faute d'accès aux soins, la santé gynécologique et donc la vie des femmes est menacée. En août 2022, une jeune Américaine est décédée d'une septicémie dans un hôpital en Géorgie en raison d'un retard de prise en charge causé par les lois restrictives de cet État. La procédure de curetage dont elle avait besoin - qui consiste à vider l'utérus - y est considérée comme un crime, sauf en cas de rares exceptions. Mais celles-ci sont si vagues que le corps médical, qui redoute de s'exposer à des poursuites, n'ose souvent pas intervenir, ou le fait trop tard.

Autre crainte: l'impact des lois restrictives sur la mortalité infantile. Lundi, l'université de l'Ohio a publié une étude montrant que celle-ci avait fortement augmenté aux États-Unis, notamment en raison d'anomalies congénitales, dans les mois qui ont suivi la révocation par la Cour suprême de Roe vs. Wade. Des cas dans lesquels, avant cette décision, "il aurait été possible d'avorter, plutôt que de mener la grossesse à terme et de devoir assister à la mort de son enfant", a expliqué la chercheuse Maria Gallo. Son équipe doit maintenant établir si cette hausse a été observée dans tous les États ou spécifiquement dans ceux qui ont restreint l'accès à l'IVG.

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