L'Europe ose un pas en avant
Une nouvelle agence pour gérer les frontières.
L’Europe se construit dans les crises. Il aura fallu plus d’un million et demi de réfugiés clandestins, fuyant la misère et la guerre en Syrie, pour révéler l’indigence de la politique migratoire européenne, et pour que les premières mesures arrivent enfin sur la table du législateur européen, comme la création d’une Agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes.
Poussée par la pression migratoire, le terrorisme et la montée de l’extrême-droite, l’Europe commence à bouger.
En abolissant leurs frontières intérieures, pour créer l’espace Schengen en 1995, les États européens s’étaient avérés incapables de doter les frontières extérieures de l’Europe d’un contrôle digne de ce nom. Un oubli? Non, un manque de courage. Une lâcheté des dirigeants européens qui, un œil rivé sur les sondages et l’autre sur la date des prochaines élections, tremblent à l’idée d’un nouveau transfert de souveraineté de leur nation vers l’Union européenne.
Cet "oubli" est venu fissurer la cohésion européenne, plonger des centaines de milliers de migrants dans l’inconnu et réveiller les démons populistes du Vieux Continent. Tout en permettant aux terroristes de faire des allers-retours vers la Syrie, avant de commettre leurs attentats à Paris.
Les États, sans ambition, avaient créé Frontex. Une agence chargée de coordonner le contrôle des frontières et basée à… Varsovie. Une coquille vide qui, tant bien que mal, a juste servi à colmater les brèches.
Poussée par la pression migratoire, le terrorisme et la montée de l’extrême-droite, l’Europe commence à bouger. Le dos au mur, elle n’a plus le choix. Ce sera davantage de politiques communes, ou la fin de l’Union européenne.
La Commission a proposé hier de remplacer Frontex par une agence dotée de vrais pouvoirs. Elle sera équipée d’une force de réaction rapide de 1.500 hommes, fournis par les États selon les besoins. Ce n’est pas encore un corps de garde à 100% européen. Mais c’est un pas en avant. Une avancée qui n’aura de sens que si elle s’accompagne d’une réelle politique migratoire commune.
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