Le malaise de la rue est réel

Grèves et actions syndicales.

"C’est une grève politique". L’argument a été asséné hier par le président de la N-VA, Bart De Wever. Il a déjà été utilisé par des libéraux et des patrons. Il vise à discréditer les mouvements sociaux qui culmineront avec la grève générale de lundi.

Or, cet argument est, au moins partiellement, faux. Décrire les protestataires comme de simples pions dans les manches du PS — quand ils ne sont pas injurieusement décrits comme des paresseux buveurs de bières en quête d’un week-end prolongé — est très réducteur. L’ampleur de la mobilisation décrédibilise l’assertion. Bien sûr, l’opposition socialiste tente de susciter, d’attiser et de profiter de la contestation sociale. Ecolo ou le PTB le font également. C’est un jeu normal. Comme De Wever s’appuie sur les rapports du FMI ou les notes du Voka. Mais au-delà, il faut être aveugle pour ne pas voir qu’il y a un réel malaise dans une frange importante de la population.

Publicité

Le gouvernement Michel serait bien inspiré de sortir des caricatures et d’ouvrir un vrai dialogue social.

Un saut d’index, un gel des salaires, des économies tous azimuts, par exemple dans la santé, qui pèsent sur le pouvoir d’achat: c’est effectivement angoissant quand on a du mal à boucler ses fins de mois. Travailler jusqu’à 67 ans, c’est vraiment inquiétant quand on exerce un métier pénible et que les possibilités d’aménager sa carrière sont rabotées. Des restrictions budgétaires dans les services publics, à l’instar de la SNCB, c’est effectivement énervant quand son train n’arrive jamais à l’heure. Et, par-dessus tout, un sentiment d’injustice terrible quand on voit certaines personnes, certaines entreprises, échapper peu ou prou à l’impôt, notamment par des montages fiscaux à l’éthique douteuse. Un rapport de l’OCDE — pas vraiment une institution de gauchistes — soulignait cette semaine que les inégalités entre riches et pauvres n’ont jamais été aussi grandes depuis 30 ans.

Face à ce malaise, face à cette colère, le gouvernement Michel serait bien inspiré de sortir des caricatures et d’ouvrir un vrai dialogue social.

Il doit faire preuve de pédagogie — oui, stimuler notre compétitivité est essentiel — et il peut aménager certaines mesures. Il faut aussi enclencher ce fameux "tax shift" qui doit conduire à diminuer nettement les prélèvements sur le travail et aller vers davantage de justice fiscale. Sans cela, la grogne sociale ne cessera pas.

[Suivez Alain Narinx sur Twitter en cliquant ici]

Publicité
 D'après une étude de la Creg, l'électricité produite à partir de panneaux photovoltaïques n'a rapporté qu'un peu plus de la moitié du prix du marché l'année dernière
Les revenus des panneaux photovoltaïques n'ont jamais été aussi faibles qu'en 2024
Sur une base annuelle, les panneaux photovoltaïques ne captent plus que 55,6 % du prix moyen de l'électricité, a calculé la Creg. Pour faire remonter la rentabilité des installations, particuliers et professionnels doivent miser sur la flexibilité.
Messages sponsorisés