Une Europe sans migrants

Nouveau plan contre l’hécatombe migratoire.

Ne cherchez pas la morale, il n’y en a pas. Face à une crise migratoire sans précédent, il y a longtemps que l’Union ne siffle plus l’hymne à la joie avec satisfaction, fièrement à cheval sur ses principes. Les droits de l’homme? Les conventions de Genève? Elle s’en est détournée dès l’instant où elle a pactisé avec Recep Erdogan. L’Union a décidé que la Turquie était un pays sûr, où l’on pouvait renvoyer des réfugiés, et rien ne pouvait ébranler cette version officielle. Quand les preuves se sont amoncelées pour la démentir, le président du Conseil, Donald Tusk, est allé sur place pour clamer que la Turquie est un exemple pour le monde en matière d’accueil des réfugiés. Depuis, un rapport d’Amnesty International a montré que ce pays ne garantissait pas la protection des réfugiés, mais hier encore, le chef du plus grand parti au Parlement européen a répété que l’accord euro-turc était exemplaire.

L’Europe entend donc reproduire l’accord turc avec d’autres. Ne cherchez pas la morale.

À défaut de morale, il y a les résultats, vous dira-t-on. Fermer les yeux sur les réfugiés assassinés et molestés à la frontière turque, cela permet de sauver la vie de milliers de gens qui sans cela auraient continué de se noyer dans les eaux grecques. Ces deux dernières années, plus de 10.000 migrants sont morts en Méditerranée, et le bilan s’alourdit chaque jour. L’Europe entend donc reproduire l’accord turc avec d’autres pays du pourtour méditerranéen. C’est efficace, ne cherchez pas la morale. L’Europe annonce aussi qu’elle utilisera tous les moyens possibles pour contraindre les Etats que fuient les migrants à les retenir. Ne cherchez pas la morale.

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Dans le même geste, elle revoit ses règles pour encourager la migration économique des cerveaux, qu’il faut "attirer et retenir". Les pays d’Afrique apprécieront, mais ne cherchez pas la morale. Et puis, il y a une belle idée. L’Europe annonce un plan d’investissement "extra-européen" de 62 milliards. Par qui, pour qui, quand? Des liasses d’argent privé qui, poussées par les garanties publiques de l’Union, arroseraient les plaines de vaches maigres que fuient les migrants? On attend de voir… En attendant, ne cherchez pas de morale. L’Europe veut des expats, tolère quelques réfugiés, mais ne lui parlez plus de migrants.

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