Heureusement, Optima n'est pas une banque systémique
Doté d’un peu plus de trois milliards d’euros, comment le fonds de garantie pourrait-il rembourser chaque client d’une grande banque belge?
Pour la première fois, le Fonds de garantie pour les services financiers va justifier son existence. Les errements d’Optima Banque ont provoqué la mise en branle de ce mécanisme qui doit permettre à chaque client de retrouver ses économies, à concurrence de 100.000 euros maximum.
Le lobby bancaire a bien travaillé. Les métiers de banque d’investissement et de dépôt n’ont pas été séparés et la taille des banques n’a pas été réduite.
C’est un événement pour le secteur bancaire belge. Rappelons-nous qu’à l’aube de la crise financière, la banque islandaise Kaupthing s’était retrouvée en faillite, laissant des milliers d’épargnants belges sur le carreau. Mais à l’époque, la protection des dépôts étant bien plus limitée, il avait fallu des accords bilatéraux avec l’Islande et de patientes négociations avec des repreneurs pour éviter à ces clients belges d’être privés de leurs avoirs.
Les autorités ont heureusement comblé cette lacune et, aujourd’hui, le fonds de garantie peut intervenir au profit non seulement des clients de banques établies en Belgique mais aussi des Belges ayant placé leur argent dans des institutions basées dans un pays qui ne proposerait pas de système de protection équivalent.
Cette avancée en matière de protection des consommateurs mérite d’être soulignée. Mais il faut aussi constater que ce fonds de garantie serait bien démuni si un problème survenait dans une banque dite "systémique". Doté d’un peu plus de trois milliards d’euros, comment ce fonds pourrait-il rembourser chaque client d’une grande banque belge? La loi prévoit que la Caisse des dépôts et consignations pallierait toute insuffisance d’actifs du Fonds. Mais cette Caisse, c’est l’administration du Trésor, c’est-à-dire l’État, ou encore les contribuables. Il apparaît donc que l’aléa moral, selon lequel les grandes banques gèrent l’argent de leurs clients en sachant que l’État sera toujours derrière elles en cas de pépin, est loin d’avoir disparu. Et que le problème des banques trop grosses pour faire faillite persiste. Le lobby bancaire a bien travaillé: la séparation des activités de dépôt et d’investissement n’a pas eu lieu et la taille des banques n’a pas été réduite…
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