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interview

Thierry Escaich: "L'orgue, c'est le synthétiseur du XIXe siècle"

L'organiste et compositeur français Thierry Escaich. ©Marie Rolland

L'excellent Thierry Escaich sera, ce samedi 26 avril, aux claviers de l'orgue de la Salle philharmonique de Liège pour interpréter la "Symphonie avec orgue" de Saint-Saëns, autre tube du compositeur du "Carnaval des animaux".

Depuis qu'il a composé l'imposé de la finale du Concours Reine Elisabeth de violon, l'an dernier, Thierry Escaich s'est fait connaître du grand public. Mais il entretient de longue date une relation avec la Belgique, et singulièrement avec l'Orchestre philharmonique royal de Liège (OPRL) dont il inaugurait l'orgue, en 2005, avec un tube du romantisme: la "Symphonie n°3 avec orgue" de Saint-Saëns.

C'est cette symphonie qu'il redonnera ce samedi 26 avril, à la Salle philharmonique de Liège, sous la baguette de Gergely Madaras, dont c'est aussi l'une des œuvres préférées. Un concert qu'ils avaient déjà répété à Liège, en juillet 2024, avant de la donner en clôture de la saison de l'orchestre, au Concertgebouw d'Amsterdam. C'est à cette occasion que nous avions alpagué l'organiste et compositeur français...

Saint-Saëns - "Symphonie N°3 avec orgue en do mineur, Op. 78" - Järvi.

Cette œuvre de Saint-Saëns, est-ce un concerto pour orgue ou une symphonie avec orgue?

Il y a certaines symphonies avec orgue qui sont des concertos, comme celle d'Aaron Copland, mais ici, c'est vraiment une symphonie avec orgue. L'instrument n'intervient que dans deux des quatre mouvements, il n'y a pas de solos et c'est peut-être la première fois que l'on a un orgue réellement imbriqué dans l'orchestre et qui peut se substituer à l'un de ses pupitres. Il y a bien sûr quantité d'autres pièces du genre, comme "Ainsi parlait Zarathoustra" de Strauss, mais elles sont toutes postérieures.

"Pour moi, c'est la plus réussie des symphonies de Saint-Saëns et l'une des œuvres françaises les plus jouées au monde."

Thierry Escaich
Compositeur et organiste

Saint-Saëns n'a pas toujours la cote en France...

Il est même plutôt mal vu, avec son côté touche-à-tout, cette capacité à pouvoir faire à la fois des opéras et de la musique dans tous les genres, écrire des pièces de théâtre et même peindre! Il y a deux ans, on m'avait demandé de faire des conférences sur Saint-Saëns, à la Bibliothèque nationale de France, parce qu'on me voyait un peu comme sa réincarnation... (Rires) Comme lui, je suis pianiste, organiste, professeur au conservatoire, académicien; j’ai composé des tas de choses très différentes. Nous sommes proches, y compris dans le style de musique et la recherche d'un certain classicisme, pas au sens réactionnaire du terme, mais d'une assise que l'on puisse bien comprendre.

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Le chef de l'OPRL Gergely Madaras et Thierry Escaich (à droite), le 17 juillet 2024, au Concertgebouw d'Amsterdam.
Le chef de l'OPRL Gergely Madaras et Thierry Escaich (à droite), le 17 juillet 2024, au Concertgebouw d'Amsterdam. ©Xavier Flament

Cette symphonie, c'est un tube romantique?

Pour moi, c'est la plus réussie des symphonies de Saint-Saëns et l'une des œuvres françaises les plus jouées au monde. C'est plutôt rare pour de la musique française, mis à part le "Boléro" de Ravel et peut-être "La mer" de Debussy. C'est vraiment l'ambassadrice de la musique française et qui en traduit bien l'esprit. On me demande souvent de la jouer et, ce samedi, ce sera un peu le concert de restitution de l'enregistrement que j'ai en fait avec le Philharmonique de Liège, dans le cadre de l'intégrale de la musique de Saint-Saëns, dirigée par Jean-Jacques Kantorow et parue, en 2021, sur le label Bis.

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Vous avez un instrument de poids. Y a-t-il un conflit d'autorité avec l'orchestre?

L'orgue de la Salle philharmonique est un instrument très poétique. Je ne vais pas rivaliser avec l'orchestre qui est malheureusement plus fort que moi... Mais c'est une question qui revient souvent, chez Berlioz, voire chez Messiaen. En venant voir mes concertos pour orgue, quand j'avais 25 ans, le compositeur Jean-Louis Florentz me demandait comment je pouvais mettre ainsi deux "orchestres" en rivalité. Mais il suffit de trouver des combinaisons pour infiltrer, imbriquer l'un dans l'autre, et c'est ça qui m'intéresse.

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Évidemment, je peux moins facilement faire des nuances que l'orchestre, mais j'essaie d'en accompagner les mouvements avec ma boîte expressive (des lamelles qui s'ouvrent et se ferment devant les tuyaux de l'orgue pour en faire varier l'intensité, NDLR). À la française...

L'orgue Schyven, derrière l'OPRL, à la Salle philharmonique de Liège.
L'orgue Schyven, derrière l'OPRL, à la Salle philharmonique de Liège. ©Michael Radi | OPRL

Il n'y a pas deux orgues qui se ressemblent. Comment faites-vous pour en tirer chaque fois le résultat que vous avez dans l'oreille?

Il faut s'adapter en permanence et varier les registres que l'on utilise (les groupes de tuyaux, qui ont chacun leur couleur de son, NDLR). Il faut réduire ou, au contraire, rajouter des couleurs, tantôt plus sombres, tantôt plus transparentes. C'est l'avantage de l'orgue: on peut, comme un cuisinier, rajouter un peu de sel, un peu de poivre... L'orgue, c'est le synthétiseur du XIXᵉ siècle. Et c'est toujours excitant!

Classique

"Symphonie n°3 avec orgue" de Saint-Saëns et "Symphonie espagnole" de Lalo

Interprétées par Thierry Escaich, orgue - Alberto Menchen, violon - Gergely Madaras à la tête de l'Orchestre Philharmonique Royal de Liège (OPRL)

Lieu: Salle philharmonique de Liège

> Le Samedi 26 avril 2025 - à 16 heures

Note de L'Echo:

Interview de Thierry Escaich
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