Échec des négociations en vue d’un traité global sur la pollution plastique
Les négociations menées depuis une semaine pour parvenir à un traité mondial contre la pollution plastique, ont échoué dimanche face à l'opposition d'un groupe de pays pétroliers. Ces négociations sont reportées "à une date ultérieure".
Pendant une semaine, les représentants de plus de 170 pays ont tenté de trouver une solution pour réduire la pollution plastique qui envahit les océans, les sols et s'infiltre à l'intérieur du corps humain. Conclusion?
"Plusieurs questions critiques nous empêchent toujours de parvenir à un accord général. Ces questions non-résolues demeurent épineuses, et plus de temps sera nécessaire pour les résoudre de façon efficace", a déclaré l'ambassadeur équatorien Luis Vayas Valdivieso qui présidait les débats de l’ONU.
Trois points de blocage
En ouvrant la dernière séance plénière des négociations, le diplomate a relevé trois points de blocage et désaccords: autour d'un principe de réduction de la production mondiale de plastique, de l'établissement d'une liste de produits ou molécules jugés dangereux pour la santé, et enfin du financement de l'aide aux pays en développement désireux de se doter de systèmes de gestion des déchets efficaces.
Après deux ans de pourparlers, les délégués avaient jusqu'à dimanche soir pour se mettre d'accord. Mais depuis l'ouverture des débats, le 25 novembre, les discussions ont tourné au dialogue de sourds entre une majorité de pays souhaitant un accord ambitieux et un groupe d'Etats producteurs de pétrole menés par la Russie, l'Arabie saoudite et l'Iran.
La date exacte et le lieu du prochain cycle de négociations, en 2025, reste à décider. Le Canada et la France ont demandé que ce prochain rendez-vous se fasse au niveau gouvernemental, et non entre ambassadeurs et hauts fonctionnaires.
"Obstruction"
La ministre française de l'Industrie, Olga Givernet, a évoqué "une minorité qui continue de faire de l'obstruction". "Nous souhaitons pouvoir lever ces obstructions et trouver des convergences de points de vue", a-t-elle dit lors d'un point de presse.
Un diplomate européen ayant participé aux négociations a décrit à l'AFP d'interminables réunions au sein des différents groupes de contact, se poursuivant jusqu'aux petites heures du matin sans la moindre avancée. Le groupe de pays récalcitrants "a pratiqué la tactique de l'écrasement, l'abus du pouvoir de veto", a raconté ce diplomate sous le couvert de l'anonymat.
Frustration croissante
"Nous préférons partir d'ici sans accord qu'avec un mauvais accord, mais nous sommes mécontents. La situation est très mauvaise", a-t-il ajouté. La frustration s'est accrue tout au long de la semaine au sein de la "Coalition des hautes ambitions", regroupant des pays favorables à un traité fort s'attaquant à l'ensemble du "cycle de vie" du plastique, de la production des polymères à base de produits pétroliers jusqu'à la collecte, au tri et au recyclage. Cette coalition s'opposait aux pays pétroliers, qui estiment que le futur traité doit uniquement concerner la gestion des déchets et le recyclage des déchets plastiques.
"Le problème est la pollution, pas le plastique lui-même", a lancé le délégué saoudien, Abdulrahmane Al Gwaiz, durant la dernière conférence plénière dimanche soir. Le Koweït, sur la même ligne, a assuré que les délégués avaient outrepassé leur mandat en demandant des réductions de production, la Russie estimant qu'elles amèneraient "la pauvreté" dans les pays producteurs de pétrole.
Si rien n'est fait, la pollution plastique pourrait tripler dans le monde d'ici 2060, après également un triplement de la production mondiale à 1,2 milliard de tonnes contre 460 millions de tonnes en 2019, selon un calcul de l'OCDE.
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