Édito | Tesla, un constructeur auto pas comme les autres
En affichant la santé retrouvée sur son cœur de métier, Tesla se relance à Wall Street. Sa valorisation élevée est toutefois surtout liée à son profil "à cheval" entre l'auto et la tech.
Au vu de l'envol de son action à Wall Street ce jeudi, Tesla semble à nouveau susciter l'enthousiasme des investisseurs. En dépassant les attentes pour la première fois en plus d'un an, ses résultats ont sans aucun doute rassuré ces derniers, après la déception née du flou entourant son projet de "robotaxi" présenté au début du mois. Récupérant au passage toutes les pertes essuyées en bourse depuis, le groupe a démontré qu'il reste bel et bien dans la course en tant que constructeur de véhicules électriques. Son cœur de métier, en fait.
Profitant d'une croissance des volumes et de coûts largement maîtrisés, Tesla est parvenu à regonfler sa marge bénéficiaire, témoignant du redressement de sa rentabilité qui avait été mise à mal par les multiples baisses de prix accordées sur la vente de ses véhicules. Il faut toutefois préciser que cette performance est également liée aux activités du groupe dans le domaine du stockage d'énergie et aux juteux revenus liés aux crédits carbone qu'il revend aux autres constructeurs automobiles.
Là où Tesla se distingue le plus de n'importe quel autre constructeur automobile, c'est au niveau de son profil, qu'Elon Musk aime plutôt présenter comme celui d'une entreprise technologique.
Combiné aux prévisions très optimistes de son patron Elon Musk, ce bulletin de Tesla contraste en tout cas avec le marasme que traversent les acteurs européens, pour ne pas dire les géants allemands en particulier. Arrivés trop tardivement sur ce créneau de l'électrique, ceux-ci peinent à rattraper le pionnier américain du secteur, sans parler de la concurrence chinoise qui met l'ensemble du secteur sous pression.
Intégration verticale et profil technologique
La faute en grande partie à leurs difficultés à comprimer les coûts. Tesla, comme les acteurs chinois, profite en effet d'une intégration verticale beaucoup plus poussée de la chaîne de valeur qui gravite autour de la construction d'une voiture, de la conception du design à la confection et l'assemblage des pièces, en ce compris la batterie. Le recours à toute une série de sous-traitants pour effectuer ces tâches dilue cette valeur et pèse évidemment sur la compétitivité des constructeurs européens.
Mais là où Tesla se distingue le plus de n’importe quel autre constructeur automobile, c'est au niveau de son profil, qu'Elon Musk aime plutôt présenter comme celui d'une entreprise technologique. Surfant sur le thème très porteur de l'intelligence artificielle, ce dernier n'hésite pas à vanter les retombées attendues du développement de la conduite autonome et de la récolte des données de ses utilisateurs au travers des logiciels qui équipent ses véhicules.
Si elles restent très difficiles à chiffrer, c'est bien ces retombées attendues qui alimentent le cours du groupe en bourse, non sans poser question d'ailleurs. Sa valorisation par rapport aux bénéfices escomptés est non seulement dix fois plus élevée que n'importe quel autre constructeur automobile, mais elle est aussi la plus importante des "Magnificent Seven", ces géants de la tech américaine dont la présence de Tesla en leur sein était de plus en plus contestée.
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