Un point de départ
L’accord sur le dossier nucléaire iranien
Les grandes puissances, Etats-Unis en tête, et l’Iran ont scellé un accord de principe historique au terme d’un marathon diplomatique inédit à Lausanne. Ce compromis est en soi un développement positif puisqu’il repousse la crainte d’un embrasement militaire et qu’il éloigne la perspective de voir Téhéran se doter, à terme, de la bombe atomique.
Tout n’est pas réglé dans le dossier nucléaire iranien. Cet accord sur des paramètres clés est une étape
Il convient toutefois de se garder de toute euphorie et de toute naïveté. Tout n’est pas réglé dans le dossier nucléaire iranien. Cet accord sur des paramètres clés est une étape. Il doit encore être complété et finalisé dans un règlement définitif d’ici le 30 juin. Et, surtout, il doit être appliqué sur la durée. Or, des républicains du Congrès américain aux "durs" du régime iranien en passant par les faucons israéliens ou des Saoudiens inquiets de l’influence de l’Iran chiite, ce ne sont pas les adversaires d’un rapprochement entre l’Iran et l’Occident qui manquent… Par le passé, par exemple après les célèbres accords d’Oslo en 1993, on a vu le processus de paix israélo-palestinien dérailler sous les coups de boutoir des extrémistes de tous bords. Pour éviter la répétition d’un tel scénario, les efforts diplomatiques devront se poursuivre. En ce sens, le compromis de Lausanne ne représente pas un aboutissement mais un début.
Plus largement, l’accord sur le dossier nucléaire ne transforme pas subitement les ayatollahs au pouvoir à Téhéran en gentils démocrates soucieux de l’intérêt général. L’accord doit constituer un point de départ: en réintégrant l’Iran dans la "communauté internationale", l’objectif des diplomates occidentaux doit être de faire avancer le respect des droits humains dans ce pays et de progresser dans la résolution des autres conflits majeurs de la région puisque, de Gaza à Aden, en passant par Beyrouth, Damas ou Bagdad, l’Iran y jouit d’une influence considérable.
L’accord de Lausanne prouve en tout cas qu’une diplomatie faite de respect, de papiers et d’encre peut être efficace et porteuse d’espoirs. Ce n’est déjà pas si mal lorsque, a contrario, la situation en Libye, en Syrie ou en Irak prouve par l’absurde que la "diplomatie des bombes" ne sème que davantage de chaos, de désolations et de fanatismes.