Éva Garcia, entre gravure, sculpture et peinture à la galerie Spazio Nobile

En 2022, Lise Coirier et Gian Giuseppe Simeone avaient déjà jeté leur dévolu sur l'artiste française Éva Garcia, avec un premier solo show dans leur galerie d'Ixelles, Spazio Nobile. Ce second accrochage pousse encore plus loin le travail d'une graveuse qui travaille sa matrice comme une sculptrice et son support comme une peintre. Une œuvre grand format, à la fois brute et profonde, qui vibre des rouges, des bleus et des ocres qu'elle a découverts dans le désert de la Tadrart rouge...

La gravure est-elle votre médium de base?

Mon médium de prédilection, on va dire. Et j'ai eu la chance, en 2022-2023, d'être résidente à la Fondation d’art Fiminco, à Paris, qui dispose, dans ses ateliers techniques, d’une énorme presse. Pendant un an, j'ai pu explorer sur de très grands formats, ce qui est peu courant en gravure, comme vous pouvez le voir avec cette matrice, une plaque d'aluminium que j’ai travaillée avec du carborundum, une poudre abrasive qu'on pourrait utiliser pour une sculpture ou un bas-relief. Dans mon travail, il y a toujours une correspondance avec quelque chose de très sculptural. Et souvent, c'est circulaire, c’est-à-dire que parfois mes formes viennent de la gravure et vont ensuite être répercutées sur la sculpture, ou inversement.

Il y a un travail plastique qui s’approche aussi de la peinture…

Je ne travaille pas avec beaucoup d'images, ce sont plutôt des transformations de formes. Pour cette exposition et toutes ces œuvres réalisées en 2023 et 2024, j'ai exploré justement ces grands formats en gravure, en pièces uniques et en travaillant mes papiers, préalablement teintés en terre de sienne brûlée. Ce sont des lavis d’encre acrylique. Ensuite, j'ai réalisé les matrices avant de passer à l’impression.

Qu'est-ce qui vous a inspiré ces formes?

Cela vient des pierres et aussi d'un voyage que j'ai fait, fin 2023, dans la Tadrart rouge, une région du Sahara aux confins de l’Algérie, de la Libye et du Niger. Des paysages assez délirants, issus de mouvements tectoniques! On peut ainsi tomber sur des montagnes de grès, de mica, de pierres noires, et, par-dessous, toujours ce sable très rouge. Avec toutes ces pierres, on a en réalité des fragments de corps.