chronique

Nul n’est prophète en son pays

Journaliste

Parag Agrawal est venu ajouter son nom à la lignée des immigrants indiens devenus CEO d’une entreprise technologique américaine. Des nominations tantôt acclamées, tantôt décriées au pays.

La démission de Jack Dorsey de son poste de CEO de Twitter ce lundi a quelque peu éclipsé la nomination de son successeur. Parag Agrawal, ancien directeur de la partie technologique du réseau social, est venu ajouter son nom à la lignée des immigrants indiens devenus CEO d’une grande entreprise technologique américaine.

Il rejoint Satya Nadella à la tête de Microsoft, Shantanu Narayen chez Adobe Inc, Arvind Krishna d’IBM, Sundar Pichai d'Alphabet (Google), Rangarajan Raghuram chez VMWare ou encore Nikesh Arora qui est à la tête de Palo Alto Networks. Ces dirigeants pilotent des entreprises dont la valeur combinée avoisine les 5.000 milliards de dollars. Tout ça dans une Amérique toujours divisée par quatre ans de Trumpisme et plutôt partagée sur les bienfaits de l’immigration. "C’est le virus indien, le virus des CEO de la Silicon Valley, pour lequel il n’y a pas de vaccin!", a plaisanté sur Twitter Anand Mahindra, l’un des businessmen indiens les plus célèbres.

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Tout ceci ne doit rien au hasard et n’est même pas un effet de mode. L’Inde possède certaines des meilleures écoles d’ingénieurs au monde dont le fameux IIT (Indian Institute of Technology), un nom qui ouvre toutes les portes dans la Silicon Valley. Les meilleurs éléments de l’IIT sont conviés à l’université californienne de Stanford, réservoir officiel dans lequel puisent allègrement les entreprises technologiques.

"À l’opposé des clichés des fondateurs américains grandes gueules, tape-à-l’œil et arrogants, ils ont le profil idéal pour les investisseurs à la recherche de croissance stable sans fracas ni scandale."

Outre les qualités techniques unanimement appréciées, c’est le style de management des Indiens qui leur ferait grimper assez rapidement les échelons des géants de la tech. A l’opposé des clichés des fondateurs américains grandes gueules, tape à l’œil et arrogants, ils ont le profil idéal pour les investisseurs à la recherche de croissance stable sans fracas ni scandale. Des profils à l’apparence plus lisses, mais qui sur certaines questions comme la liberté d’expression ont parfois du mal à se positionner.

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Des nominations très largement commentées et parfois célébrées en Inde, le pays n'étant pas peu fier de tenir les rênes des géants de la Tech. Mais cette fuite des cerveaux ne profite pas spécialement au pays. L’écosystème technologique local est l’un des plus bouillonnants de la planète, mais peine à passer les frontières du pays. Aucune innovation technologique indienne ne fait aujourd’hui partie de notre quotidien à l’inverse des Chinois, Coréens ou Américains.

Quand on a un marché domestique de plus d’un milliard d’habitants, l’exportation n’est évidemment pas la priorité, mais il y a de quoi nourrir des regrets. Certains commentateurs locaux reprochent donc à la petite colonie indienne de la Silicon Valley de ne pas s’investir localement et trouvent qu’ils devraient mettre leurs talents au profit de l’économie locale pour créer de l’emploi et de la richesse en Inde, pas à l’autre bout du monde. Car si l’Inde a réussi à former et placé une dizaine de dirigeants à la tête des sociétés américaines les plus en vue, son rayonnement international dans le domaine technologique se fait toujours attendre.

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