Un double test Covid-19 pour relancer l'économie
Deux économistes et deux scientifiques font des propositions pour relancer l’économie, notamment en surmontant les peurs des gens de contracter le virus en côtoyant des collègues.
Les économistes Mathias Dewatripont (ULB/Solvay) et Jean-Philippe Platteau (Université de Namur), l’immunologue Michel Goldman (ULB) et le parasitologue Éric Muraille (ULB) ont publié dans le cadre du Centre for Economic Policy Research une note sur les moyens de faire redémarrer l’économie.
Car, après la première phase de la réponse économique qui est déjà en cours, il faut penser à la seconde phase, celle consistant à faire redémarrer l’économie et à surmonter les peurs des gens de contracter le virus en côtoyant des collègues.
La combinaison de deux tests déjà disponibles permettrait d’identifier les gens qui n’ont pas le coronavirus et qui sont immunisés.
Selon les auteurs, la combinaison de deux tests déjà disponibles permettrait d’identifier les gens qui n’ont pas le coronavirus et qui sont immunisés, et qui pourraient donc retourner travailler en toute sécurité. Une mise en œuvre progressive de ces deux tests permettrait de maintenir les services vitaux et d’accélérer le redémarrage de l’économie tout en minimisant le risque d’un retour en force de l’épidémie lorsque les mesures de confinement seront levées.
"Un parallèle peut être établi avec la crise financière de 2008, explique Mathias Dewatripont. En 2008, nous avons aussi connu deux étapes dans la crise. Dans une première étape, il a fallu arrêter la panique en prenant des mesures fortes. Et dans une seconde phase, on a essayé de faire refonctionner le système financier, ce qui a pris davantage de temps."
"Aujourd'hui, on prend des mesures comme le chômage temporaire pour les travailleurs ainsi que des mesures qui permettent aux entreprises de survivre", souligne l’économiste. Mais on doit déjà penser à la seconde étape: comment faire en sorte que les gens retournent travailler.
"Au-delà de ceux qui peuvent télétravailler, il y a aussi un million de personnes qui sont en chômage technique. En 2008, les banquiers ne se faisaient plus confiance entre eux. Dans le cas de la crise d’aujourd’hui, on a des travailleurs qui se demandent s’ils ne vont pas contracter le virus en côtoyant des collègues."
Logistique
La solution retenue: un double test. "D’un côté, voir si les gens sont actuellement infectés ou non. Et de l’autre, voir s’ils sont immunisés parce qu’ils ont été contaminés par le virus, mais qu’ils ont résisté. Scientifiquement, ces deux tests sont faisables, c’est davantage une question de logistique pour les organiser."
"Scientifiquement, ces deux tests sont faisables, c’est davantage une question de logistique pour les organiser."
Ce qui paraît sûr aux yeux de Mathias Dewatripont, c’est qu’un double test généralisé constituerait un bon investissement. "On ne sait pas aujourd’hui quel pourcentage de la population est déjà immunisé. Attention, je ne critique pas du tout la stratégie de confinement. On voit d’ailleurs que les pays qui avaient adopté la stratégie d’immunité collective, comme les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne, sont occupés à faire marche arrière. L’idée qu’il faut confiner pour éviter une saturation dans les hôpitaux est une bonne stratégie. Mais plus cela dure, plus la note sur le plan économique risque d’être très élevée. Et si vous ne savez pas si la personne qui travaille en face de vous a été contaminée ou non, il y a des raisons d’être inquiet avant de retourner travailler."
Les tests dont on parle le plus actuellement sont des tests RT-PCR qui permettent de dire si une personne est infectée ou non. "Mais ils ne donnent qu’une photo instantanée. Si vous n’êtes pas infecté aujourd'hui, vous pouvez l’être dans les 48 heures. Donc, en ajoutant un autre test (test sérologique Elisa), on pourrait dire à quelqu’un que, non seulement, il va bien aujourd’hui, mais qu’il y a une grande probabilité que cela continue ainsi dans les prochains mois."
L'idée serait de tester en priorité le personnel soignant et les détenteurs de "jobs essentiels" (transports publics, transport et distribution de biens essentiels…) et ensuite ceux pour qui le télétravail n’est pas une option.
Notre kit de survie du confinement
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