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Une scale-up belge crée un cadre de vélo en carbone incassable

C'est en planchant sur sa thèse de doctorat que Michäel Callens a eu l'idée de combiner les bonnes fibres. ©Kristof Vadino

La jeune pousse louvaniste Rein4CED s'est dépêchée de breveter son invention. Elle attire déjà quelques-uns des fonds belges spécialisés dans l'innovation...

S'ils ont de nombreuses qualités, parmi lesquelles leur légèreté, les matériaux composites renforcés de fibres de carbone présentent néanmoins un inconvénient: l'apparition de fragilités et, en cas d'impact, le risque de cassure. C'est en songeant à ce casse-tête devenu "classique" que Michaël Callens a fait son doctorat en sciences des matériaux à la KU Leuven. "J'y ai étudié des combinaisons de fibres et d'acier, ainsi que leur utilisation", narre-t-il. Il a découvert à cette occasion un moyen de renforcer encore les pièces à base de carbone en y introduisant, en des emplacements spécifiques, de petites quantités de fibres d'acier spéciales. Ce nouveau matériau composite "se comporte presque comme un métal, mais avec le poids d'un composite renforcé de fibres carbone". Et il s'avère nettement plus résistant aux chocs.

Restait à développer un mode de production du composite. "Un travail de longue haleine, mené à bien avec toute une équipe", dit Michaël Callens qui a ensuite fondé une entreprise en 2019, baptisée Rein4CED (allusion à l'anglais "reinforce"). Établie à Winksele, près de Leuven elle se situe "au cœur de l'Europe de l'Ouest, le premier marché mondial pour les vélos en fibres de carbone", insiste-t-il. Une manière d'annoncer la couleur: le premier débouché visé est la fabrication de cadres pour vélo.

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Premier contrat "vélo"

La jeune pousse a déposé un brevet mondial pour sa technologie et a mis au point une ligne de production automatisée à Winksele. "Il n'en existe qu'une autre comparable en Europe, une usine au Portugal qui produit des cadres en aluminium pour des vélos de ville", précise Michaël Callens. Dans sa stratégie naissante, il a intégré la nouvelle donne née de la crise pandémique et du boom de la demande de vélos qui a suivi: il voudrait contribuer, à son modeste niveau, au retour en Europe d'une industrie de production de vélos.

"C'est dans le segment des vélos électriques, depuis les VTT jusqu'aux speed-pedelecs, qu'on pourra faire la différence avec notre production locale et notre matériau innovant."

Michaël Callens
fondateur et CEO, Rein4CED

Un projet déjà concrétisé par un premier contrat décroché pour ses cadres en fibres de carbone et d'acier, commercialisé sous la marque "Feather". L'an dernier, il a, en effet, signé avec Kellys Bicyles, une entreprise slovaque qui assemble dans son pays une large gamme des vélos. Dans un premier temps, Rein4CED va lui livrer des cadres pour des VTT électriques haut de gamme. Dans leur version "descente", parce que c'est dans ce type de sport que le risque de bris est le plus élevé. Pour le cycliste, l'intérêt est évident: plus de souci à se faire pour la solidité du vélo.

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L'auto et l'aéronautique en ligne de mire

"Nous avons noué de nombreux contacts avec d'autres fabricants, poursuit l'inventeur-entrepreneur. La plupart sont actifs dans le segment des vélos électriques, depuis les VTT jusqu'aux speed-pedelecs. C'est aussi dans ce segment que l'on pourra faire la différence avec notre production locale et notre matériau innovant."

"Nous pensons à l'industrie automobile, et en particulier aux véhicules électriques, où la légèreté de notre solution en fera un atout pour certains composants, ainsi qu'à l'aéronautique."

Michaël Callens
fondateur et CEO, Rein4CED

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S'il compte élargir progressivement les types de vélos qu'il pourra fournir en cadre, Michaël Callens a conscience que son matériau pourrait servir à d'autres applications dans des secteurs d'activité différents. "Nous pensons à l'industrie automobile, en particulier aux véhicules électriques où la légèreté de notre solution sera un atout pour certains composants, ainsi qu'à l'aéronautique. Dans ce dernier secteur, sa légèreté et sa solidité pourraient l'imposer pour des pièces sensibles au risque d'impact causé, par exemple, par les vols d'oiseaux."

Les fonds innovants y croient

"On veut avancer étape par étape", ajoute-t-il aussitôt. Il s'agit pour l'heure de renforcer son équipe et d'augmenter la capacité de sa ligne de production, afin de rencontrer la demande présumée dans l'industrie du vélo. Raison pour laquelle Reinforce4CED vient de lever 12 millions d'euros auprès d'un joli panel d'investisseurs spécialisés dans l'innovation et les technologies.

12
millions d'euros
Rein4CED vient de lever 12 millions auprès de sept fonds et d'une université.

Six d'entre eux étaient déjà actionnaires de l'entreprise: le fonds de capital-risque louvaniste Capricorn Partners, la pricaf Quest for Growth (technologies innovantes) qui co-investit avec Capricorn, The Innovation Fund (chimie et sciences de la vie), Finindus (technologies), Gemma Frisius (qui allie la KUL, KBC Private Equity et BNPPF Private Equity) et la KU Leuven en direct. Ensemble, ils ont injecté 6 millions d'euros d'argent frais dans la société.

Deux autres fonds, qui apportent chacun 3 millions, font leur entrée au capital. Il s'agit du holding public flamand PMV et d'Invest for Jobs, le fonds créé par les partenaires sociaux du métal (lire ci-dessous).

Avec cet apport, Rein4CED va engager cette année encore quelque vingt personnes, pour monter à 70 collaborateurs et passer ainsi graduellement à un rythme de production de 15 à 20.000 cadres par an.

Le résumé
  • Les matériaux composites renforcés de fibres de carbone présentent un inconvénient: le risque de cassure en cas d'impact.
  • En faisant son doctorat en sciences des matériaux à la KU Leuven, Michaël Callens a découvert un moyen de renforcer les pièces à base de carbone en y introduisant, en des emplacements spécifiques, de petites quantités de fibres d'acier spéciales.
  • Il a créé une entreprise, Rein4CED, et commencé à produire des cadres pour vélo faits en ce nouveau matériau breveté.
  • La jeune pousse fournit un premier fabricant de vélos slovaque et a levé 12 millions pour recruter et augmenter ses capacités.

Invest for Jobs trois fois sous le charme

Si Invest for Jobs a décidé de soutenir le développement de Rein4CED, c’est "parce que l’investissement correspond à notre slogan: ‘un rendement financier raisonnable pour un profit social élevé’", répond Nils Nijs, son directeur des investissements. "L’entreprise crée de l’emploi ancré en Belgique et a un beau potentiel, à la fois dans le marché des vélos, mais aussi plus largement dans d’autres secteurs."

La dimension de l'emploi est très importante, ajoute son CEO Christophe Picard. "Rein4CED compte déjà 50 collaborateurs et va en ajouter 20 autres en douze mois. Cela signifie que ce n’est déjà plus une scale-up, mais un industriel à part entière. Nous avons aussi valorisé cela dans notre analyse du dossier."

Le fait que l’entreprise ait développé une technologie unique à ce jour en Europe et vraisemblablement dans le monde a également séduit les gestionnaires du fonds paritaire.

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